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cahot²

Appel à contribution
- jusqu'au 31 juillet -

Faire famille


Quand le monde se réveille nu, je t’offre un bout de coton pour couvrir ta peau.
Des cendres, tu as fait un chemin là où nous avons fait territoire. Et c’est ici que l’on se rencontre, autour du feu. Et en y faisant un peu de place, on en fait un foyer. Nous et toi, silhouettes rougeoyantes.

Tu parles. Ce n’est pas la même langue, alors nous prêtons l’oreille.
Et entre nous, cette nuit, quelque chose circule.
Comment nos bouches bougent-elles quand on essaie de faire commun ? Pourquoi cette certitude que personne ne mordra, alors que nous tordons nos lèvres, que nous montrons nos dents ? Et si même nos salives venaient à se mélanger, peau contre peau, qui encore se préoccuperait de parler ? Que resterait-il encore à transmettre ?

Nos yeux se ferment, et tu tiens les braises éveillées. Ta voix nous berce d’histoires où l’on discerne les ombres de monstres anciens, de villes dévorantes et sans fin. Peut-être que dans nos respirations communes peuvent se dessiner de nouvelles trêves, de nouveaux mythes, de nouvelles lois. On sait que quelque part avant l’aube, tu repartiras peut-être. Mais des mailles que l’on tisse, on garde toujours les patrons, les traces.
Une diaphane politique des assemblages.

Pour ce numéro de cahot, on arpente le sentier sinueux qui nous mène aux nôtres et ensemble on se propose de créer autour du Faire famille. Celle que la providence met sur notre route, comme celle qu’on finit par bâtir à force de tentatives, d’échanges, de contaminations. Cherchant à tâtons notre chemin dans les forêts hostiles, les oiseaux de mauvais augure se muent en hirondelles quand on arrive à bon port. L’heure est à se demander comment on donne la parole, comment on l’emmêle ? Qu’y a-t-il à apprendre de l'esthétique des errances et des agencements ? Comment le groupe absorbe, comment il libère, et comment il donne une nouvelle place à celle·ux relégué·es à la marge ?

Des ficelles invisibles qui nous lient, on tissera des filets
et les liens du sang se déferont dans ceux de la meute.


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